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06/02/2014
Risque pays et études économiques

2014, une année de volatilité : Interview d'Yves ZLOTOWSKI, économiste en chef de COFACE

L'économiste Interview Yves Zlotowski situation économique et financière des pays émergents

 

 

 

 

L'Économiste, propos recueillis le 5 février 2014 par Mohamed Benabid

 

Interview Yves Zlotowski économie des pays émergents

 L’Économiste: Les préoccupations macro-financières reviennent avec insistance dans les pays émergents. Pourquoi?

- Yves Zlotowski : C'est quelque chose qui a été négligé il y a un an. A l'époque, l'on s'était un peu focalisé sur les manifestations des printemps arabes, sur le comportement des classes moyennes en Turquie et au Brésil notamment. Le déclenchement de la nouvelle politique américaine a montré qu’il y avait encore des fragilités financières. En été, il y a eu un premier épisode de chute des taux de change très impressionnant. Le deuxième épisode a commencé il y a une dizaine de jours avec la dévaluation du peso et qui a touché les monnaies turques, russes, et sud-africaines. Je crois que 2014 sera une année de volatilité de taux de change, en raison des modifications de la politique monétaire aux Etats-Unis mais aussi au fait de la réappréciation du risque, lequel a tendance à baisser dans les pays avancés mais à augmenter dans les pays émergents.

- Comment expliquer la dégradation des comptes courants dans beaucoup de pays des BRICS?
C'est surtout la situation de l'Inde, du Brésil et de l'Afrique du Sud qui préoccupe. La situation des déficits courants est vraiment liée à des spécificités structurelles. D'un côté une consommation qui reste très dynamique. De l'autre l'offre domestique, l'investissement, la production industrielle qui ralentissent beaucoup. Du coup la production nationale n'arrive pas à répondre à cette demande des ménages. Ces pays ont besoin d'importer beaucoup.

- Pourquoi la Chine inquiète à plus de 7% de croissance?
La croissance chinoise ralentit même si elle est comparée à la moyenne des pays émergents, le niveau est important en effet. L'économie chinoise surfait jusque-là sur un modèle très axé sur le crédit généreux, sur l'investissement. Or cet investissement s'est fait au prix d'un surendettement des entreprises. L'un des problèmes c'est qu'à côté du crédit officiel, il y a la question du shadow banking, c'est-à-dire du crédit hors bilan des banques, octroyé de manière non transparente. C'est ce qui complique la situation. Le shadow banking cumulé au crédit officiel atteindrait le 200% du PIB selon les estimations. S'il faut y rajouter le ralentissement économique, il y a une inquiétude que cette dette soit difficilement soutenable. En revanche, il s'agit d'une dette en monnaie locale pas en devises. Donc il n'y a pas de contraintes extérieures. La Chine n'est cependant pas dépendante des créanciers étrangers. C'est un point fort tout de même.

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