Etudes économiques
République centrafricaine

République centrafricaine

Population 4,9 millions
PIB par habitant 525 $US
D
Evaluation des risques pays
E
Environnement des affaires
Changer de pays
Comparer les pays
Vous avez déjà sélectionné ce pays.
0 pays sélectionnés
Vider
Ajouter un pays
Ajouter un pays
Ajouter un pays
Ajouter un pays
Comparer

Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 2023 (e) 2024 (p)
Croissance PIB (%) 1,0 1,0 0,5 2,5 3,0
Inflation (moyenne annuelle, %) 0,9 4,3 5,5 6,0 3,0
Solde public / PIB (%) -3,3 -6,0 -6,3 -3,5 -2,0
Solde courant / PIB (%) -7,2 -10,8 -13,8 -9,0 -8,0
Dette publique / PIB (%) 43,4 47,6 51,9 50,5 50,0

(e) : Estimation (p) : Prévision *Dons inclus **Coopération internationale incluse

POINTS FORTS

  • Potentiel agricole (bois, coton, café), sylvicole et minier (diamant, or, uranium)
  • Importance du soutien financier international
  • Appartenance à la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC)

POINTS FAIBLES

  • Extrême pauvreté très répandue
  • Fragilité et instabilité des conditions sécuritaires et politiques provoquant d’importants mouvements de population dans et en-dehors du pays
  • Faible diversification économique
  • Forte dépendance à l’égard des exportations de matières premières
  • Enclavement
  • Exportation illégale d’or et de diamant nuisible aux recettes publiques
  • Dépendance aux importations des denrées alimentaires et de pétrole

Appréciation du risque

Un rebond de croissance soumis à l’insécurité intérieure et aux phénomènes climatiques

Après une année 2022 marquée par des troubles sécuritaires internes et les conséquences inflationnistes du conflit russo-ukrainien, la croissance de la République Centrafricaine (RCA) devrait connaitre un rebond en 2023, qui se prolongera en 2024, à condition que la sécurité intérieure et l’approvisionnement en carburants s’améliorent. Les exportations (13% du PIB en 2022) participeront à ce regain en 2023 et 2024 grâce aux cours encore élevés de l’or et du diamant qui représentaient ensemble 57% des exportations du pays en 2022. Néanmoins, l’industrie forestière souffrira en 2023 et, probablement, encore en 2024, des conséquences des inondations de 2022, alors qu’elle constitue l’une des principales sources de revenus à l’exportation du pays. Par ailleurs, bien que positives, les perspectives de croissance sont sujettes à l’évolution de la situation intérieure. Or, le projet de réforme de la Constitution du président Touadéra, accepté lors du referendum du 30 juillet 2023, est à l’origine d’une intensification des affrontements entre le gouvernement aidé des mercenaires du groupe Wagner et les différents groupes rebelles. De plus, alors que l’insécurité alimentaire touche près de la moitié de la population, la situation risque d’être encore aggravée par le maintien, en 2024, des prix élevés de l’alimentation. Les désordres climatiques attendus, liés au phénomène El Niño, devraient impacter négativement les récoltes des pays asiatiques depuis lesquels la RCA importe principalement du riz. Cela renchérira le prix des denrées alimentaires qui subissent déjà la hausse du coût du transport. Néanmoins, la Facilité élargie de crédit (FEC) accordée par le FMI en mai 2023 aidera la RCA à financer les services publics prioritaires (santé, éducation) nécessaires pour contrebalancer les effets de l’insécurité alimentaire. Le franc CFA étant indexé à l’euro, les pressions inflationnistes au sein de la RCA restent relativement modérées par rapport à certains pays voisins. Néanmoins, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) devrait poursuivre la hausse de son taux directeur pour atteindre 5,5% fin 2023, un assouplissement étant envisageable pour 2024, dans le sillage de la Banque centrale européenne.

 

Une aide cruciale du FMI

La situation budgétaire de la RCA s’améliorera en 2023 et 2024 via l’augmentation du produit des redevances sur l’or, les diamants et le bois. L’octroi, en mai 2023, par le FMI d’une nouvelle Facilité élargie de crédit (FEC) participera à cette amélioration. Les 191,4 millions de dollars prévus sur 38 mois encourageront le retour des donateurs internationaux à l’instar de la Banque Mondiale qui devrait accorder 28 millions de dollars à la RCA en 2023 pour le financement de services sociaux dans le cadre de la crise humanitaire. Ces financements permettront à la RCA de poursuivre les réformes structurelles implémentées dès 2022 visant à renforcer ses finances publiques via une réforme du cadre fiscal des secteurs des télécommunications et du tabac et des mesures d’ajustement des prix pour limiter les importations de carburants sur le marché noir. Néanmoins, la mise en place de ces réformes structurelles pourrait être ralentie si des problèmes de sécurité venaient encore à survenir. De plus, en dépit de la modification en mars 2023 de la loi de 2022 adoptant le bitcoin comme monnaie officielle aux côtés du franc CFA, préalable au nouvel accord de FEC, la légalisation de l’usage des crypto monnaies suscite la méfiance des donateurs internationaux et risque de retarder les décaissements prévus en 2023 et 2024. Par ailleurs, après une forte détérioration en 2022 en raison du non-décaissement de l’appui budgétaire de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne initialement prévu au premier semestre, ainsi que de la hausse des prix à l’importation, le déficit du compte courant devrait se réduire en 2023 et 2024 grâce à la diminution du déficit commercial. Le poids de la dette publique, après avoir atteint 51,9% du PIB en 2022 en raison de l’augmentation de la dette intérieure (30% du total de la dette), est attendu à la baisse pour 2023 et 2024 à condition que le gouvernement parvienne à ramener le déficit primaire sous la barre des 2% du PIB, principalement via l’accroissement des recettes intérieures et l’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques. La dette publique extérieure, détenue à 70% par des créanciers multilatéraux, est jugée soutenable par le FMI, malgré l’exposition de la RCA à un risque de surendettement élevé en raison de la vulnérabilité de son service à l’aide budgétaire internationale et à la situation sécuritaire interne.

La sécurité au cœur des enjeux politiques

Le RCA demeure dans une situation politique et sécuritaire très précaire depuis l’amorcement de la guerre civile en 2013. Malgré un accord de paix signé en février 2019 entre le gouvernement et les différents groupes rebelles, visant à intégrer des représentants rebelles au sein du gouvernement et à permettre à l’armée nationale de reprendre le contrôle du territoire, la situation sécuritaire reste très dégradée, notamment suite à la réélection contestée du président Faustin-Archange Touadéra en février 2020. Même si les élections législatives de 2021 ont débouché sur une majorité relative pour le président, de fréquents affrontements opposent toujours les partisans du gouvernement à la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), un mouvement armé créé en 2020 par la fusion de six groupes rebelles. La situation risque d’être encore aggravée par le projet de réforme de la Constitution du président accepté lors du referendum du 30 juillet 2023, une partie de la population y étant formellement opposée. Cette réforme, en supprimant la limite du nombre de mandats que peut exercer un président, permettrait à Touadéra, aidé des mercenaires du groupe Wagner, de conserver la présidence. Sur le plan international, les relations de la RCA resteront tendues avec l’Occident en raison de ses liens économiques et militaires avec la Russie, à l’instar d’activités aurifères et diamantifères illégales, de la présence d’instructeurs du groupe Wagner sur le territoire et de la collaboration des forces armées de la RCA avec les mercenaires du groupe. Dans ce contexte, la mission de la MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique), une opération de maintien de la paix menée par l’ONU en Centrafrique depuis 2014 en raison de la guerre civile, a été reconduite jusqu’en novembre 2023 en dépit des tensions qui l’opposent à l’exécutif et à la population centrafricaine. En parallèle, la part de la population touchée par l’insécurité alimentaire risque de dépasser les 50% entre 2023 et 2024 ce qui exacerbera les tensions politiques existantes. Depuis avril 2023, la RCA doit également faire face à un afflux de réfugiés fuyant le Soudan, pays voisin en proie à une guerre civile, avec pour conséquences le renchérissement des prix de certaines denrées, à l’instar du sucre ou du millet, dans la région Nord de la RCA qui les accueille.

 

Dernière mise à jour : Septembre 2023

Haut de page