Etudes économiques
Nicaragua

Nicaragua

Population 6,5 millions
PIB par habitant 2 141 $US
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Evaluation des risques pays
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Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p)
Croissance PIB (%) -2,0 10,3 4,0 3,0
Inflation (moyenne annuelle, %) 3,7 4,9 10,5 8,5
Solde public / PIB (%) -2,1 -1,7 -1,6 -1,1
Solde courant / PIB (%) 4,0 -2,3 -1,9 -1,8
Dette publique / PIB (%) 57,8 56,9 58,1 56,1

(e) : Estimation (p) : Prévision *Comprend uniquement le gouvernement central, ce qui inclue l’organisme de sécurité sociale

POINTS FORTS

  • Sérieux budgétaire
  • Ressources minérales (or), agricoles (café, sucre, viande) et halieutiques (crustacés)
  • Appartenance aux zones de libre-échange Amérique centrale/Etats-Unis et Amérique centrale (CAFTA-DR)
  • Flux importants de remises des expatriés (16% du PIB en 2021)

POINTS FAIBLES

  • Sanctions américaines contre les exportations sucrières et les hauts-responsables nicaraguayens
  • Vulnérabilité forte aux catastrophes naturelles
  • Insuffisances en matière de santé, d’éducation et persistance de la pauvreté favorisant l’émigration
  • Insuffisance des infrastructures (énergie, transport)
  • Lacunes institutionnelles : concentration du pouvoir au sein de la présidence et du parti sandiniste, répression de l’opposition, corruption, non-respect de la règle de droit
  • Economie fortement dollarisée (parité glissante avec le dollar américain)
  • Départ de l’Organisation des Etats Américains en 2022 suite à une procédure d’exclusion enclenchée suite aux élections générales de 2021

Appréciation du risque

Une croissance atone dans le sillage de la conjoncture américaine

En 2022, la reprise économique s’est essoufflée en raison du prix élevé de l’énergie, du durcissement des sanctions étatsuniennes et de la duplication locale du resserrement monétaire de la FED. En 2023, cette tendance se confirmera. Premièrement, la consommation domestique conservera sa faiblesse. Une inflation encore élevée (l’inflation ciblée par la Banque Centrale du Nicaragua se situe entre 2% et 4%) et la hausse du chômage (au moins 4,7% de la population active attendu pour 2023) éroderont davantage le revenu disponible des ménages. Cependant, les remises des expatriés aux Etats-Unis (au moins 70% des transferts de fonds en provenaient en 2022), dont le nombre a crû considérablement, pourraient tempérer le freinage. Deuxièmement, le sous-investissement, autant privé que public, s’aggravera. Les nouvelles sanctions prises en 2022 par l’administration Biden sur les importations sucrières, ainsi qu’à l’encontre d’officiels locaux et de l’extraction d’or, dissuaderont davantage les IDE et pourraient inciter les compagnies minières canadiennes à réduire leur présence. La politique monétaire toujours restrictive (taux de repo de 8,87% en octobre 2022 et estimé supérieur à 7,00% en moyenne pour 2023) stérilisera l’investissement des entreprises domestiques. Leur taux de défaillance élevé durcira d’autant leur accès au crédit bancaire. La rigueur budgétaire de l’Etat comprimera davantage la commande publique dont la construction dépend. Troisièmement, l’atonie de la demande extérieure pèsera de nouveau sur la production de biens et services. Les ralentissements étatsunien (56% des exportations totales en 2021) et centro-américain (28%) diminueront la production textile (35% des exportations vers l’Amérique du nord et centrale en 2021) et la production de viande bovine (11%) des maquiladoras. Néanmoins, la demande mondiale d’or, platine, café et tabac écartera tout repli des productions agricoles (21% des exportations totales en 2021) et minières (13%), d’autant que le rapprochement avec la Chine pourrait signifier un surcroît de demande.

 

Une poursuite du désendettement dans un environnement extérieur contraignant

En 2022, le déficit courant s’est réduit en raison de l’augmentation du flux de remises. En 2023, cette tendance se modérera. La baisse de la facture des importations d’hydrocarbures (17% des importations totales en 2021 et estimées à 9,5% du PIB en 2023) devrait être contrebalancée par celle des exportations manufacturières. Le déficit commercial demeurera en grande partie compensé par les remises d’expatriés et les recettes touristiques, stables (estimées à moins de 3% du PIB en 2023). Même décroissant, le flux d’IDE (estimée à 5,1% du PIB en 2023) et les emprunts extérieurs financeront le déficit courant. Enfin, les réserves de la banque centrale (au moins 6 mois d’importations fin 2022) assureront l’ancrage monétaire à l’USD.

En 2022, si la consolidation budgétaire s’est poursuivie, la dette de l’organisme de sécurité sociale (Nicaragüense de Seguridad Social) et des entreprises publiques ont continué de peser sur les finances publiques. En 2023, si un excédent (estimé à moins de 0,1% du PIB) devrait être dégagé par le gouvernement central, l’ensemble du secteur public non financier dégagera encore un déficit. D’une part, les recettes publiques (19,5% du PIB en 2022) faibliront en raison du ralentissement économique. D’autre part, les dépenses publiques (16,4% du PIB en 2022) décroîtraient pour prévenir tout déficit primaire. Pour compenser la prolongation de la subvention de l’essence, les dépenses en capital (21% des dépenses en 2022) seront sensiblement comprimées au risque d’aggraver le sous-investissement public. En outre, la charge de la dette demeura stable (moins de 3% du PIB en 2023). De plus, le besoin de financement public sera couvert par des émissions domestiques (taux d’intérêt d’au moins 8% fin 2022) et des emprunts extérieurs, potentiellement chinois et de la CABEI. Principalement extérieur (78% du stock estimé de dette publique pour 2023), l’endettement demeura majoritairement concessionnel (93% des déboursements venaient d’organismes multilatéraux, la CABEI représentait 55% du financement extérieur en 2021) et soutenable à moyen-terme.

 

Une poursuite du rapprochement avec la Chine sur fond d’isolement diplomatique

Le 7 novembre 2021, Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007, et sa femme Rosario Murillo, ont été respectivement réélus à la présidence et à la vice-présidence du pays pour 5 ans (75% des voix selon les autorités). Ce scrutin est critiqué par communauté internationale, les Etats-Unis et l’Union européenne en tête, pour ses irrégularités (20% de participation selon l’opposition) et l’arrestation des principaux candidats de l’opposition dans les mois précédents l’élection. A travers le RENACER Act de 2021, le Congrès américain a édicté une série de sanctions contre les hauts responsables nicaraguayens pour atteinte aux droits de l’homme, corruption et malversation électorale. Cette disposition législative ouvre la voie à une exclusion possible par les Etats-Unis du CAFTA-DR, à de nouvelles sanctions et à de potentielles suspensions de prêts multilatéraux. Dans ce contexte, l’administration Ortega a entrepris un rapprochement diplomatique avec la Chine (moins de 0,1% des exportations totales en 2021, 12% des importations totales en 2021) et la Russie, dans l’espoir de nouveaux financements et investissements. Pour se faire, le pays a rompu ses liens diplomatiques avec Taiwan (alors 2% des exportations totales) en 2021. Il a signé un mémorandum de participation aux Nouvelles Routes de la Soie en 2022. Concernant la guerre en Ukraine, il a voté contre la résolution onusienne condamnant l’invasion russe, avant de s’abstenir lors des votes suivants à l’Assemblée Générale des Nations Unies. Enfin, le sous-investissement chronique dans les infrastructures, notamment sociales, et le durcissement du régime alimentent une émigration vers l’Amérique de Nord de plus en plus importante. Cette émigration risquerait de s’amplifier en cas d’adoption de sanctions supplémentaires, ce qui peut expliquer la relative retenue des Etats-Unis.

 

Dernière mise à jour : Juin 2023

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