Etudes économiques
Swaziland

Swaziland

Population 1,1 million
PIB par habitant 4 165 $US
D
Evaluation des risques pays
C
Environnement des affaires
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Synthèse

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p)
GDP growth (%) -1,6 7,9 3,6 3,1
Inflation (yearly average, %) 3,9 3,7 4,8 5,3
Budget balance (% GDP)* -4,5 -4,5 -5,0 -0,3
Current account balance (% GDP) 7,1 2,7 -1,0 5,4
Public debt (% GDP)* 41,2 40,6 42,3 40,6

(e): estimation ; (p): prévisions

* Dernier exercice fiscal du 1er avril 2023 au 31 mars 2024

POINTS FORTS

  • Importantes ressources agricoles et forestières
  • Potentiel touristique
  • L'élevage, l'agro-industrie (canne à sucre, transformation en aliments et boissons) et le secteur textile-habillement sont relativement bien développés
  • Lilangeli ancré au rand sud-africain

POINTS FAIBLES

  • Forte dépendance vis-à-vis de l'Afrique du Sud (commerce, remises d'expatriés, revenus de l’UDAA)
  • Forte présence de l'État dans l'économie, ce qui limite les investissements du secteur privé
  • Soldes budgétaires et extérieurs fortement exposés à la volatilité des transferts de l’UDAA
  • Corruption, favoritisme, mauvaise gestion des fonds publics
  • Pauvreté et informalité alimentées par de faibles niveaux de salaires et un chômage élevé
  • Prévalence élevée du VIH (28 % des 15-49 ans)
Une croissance économique modérée et stable, soutenue par le renforcement des exportations agricoles et manufacturières

Petit territoire très dépendant de son voisin sud-africain (destination de plus de 70% des exportations) et de son secteur agricole (qui représente 9% du PIB, mais assure la subsistance d’environ 70% de la population du pays), l’activité économique d’Eswatini a ralenti en 2022, affectée par la faible croissance en Afrique du Sud (2%) ainsi que par le coût élevé des engrais et des pesticides. En outre, alors que le pays a fondé son modèle de croissance sur l’Etat, les contraintes de trésorerie du gouvernement ont contenu l’investissement public et restreint l’activité de construction. Si, en 2023, la hausse significative des transferts de l’Union douanière d’Afrique australe (UDAA) permettra au gouvernement d’augmenter ses dépenses d’investissement public, la croissance économique restera largement tirée par la hausse des exportations nettes. Ces dernières, soutenues par la dépréciation de la monnaie nationale (le lilangeni), bénéficieront du cours élevé du sucre et de la hausse de la production agricole et manufacturière. En effet, le développement de nouvelles activités dans les secteurs des boissons et des produits laitiers, l’ouverture par le gouvernement de parcs industriels fournissant des infrastructures améliorées pour la production de sucre et de bois, ou encore l’amélioration de l’accès à l’eau pour les activités agricoles permise par la mise en œuvre des projets Mkhondvo-Ngwavuma Water Augmented Project (MNWAP) et Lower Usuthu Smallholder Irrigation Project (LUSIP II), soutiendront la croissance des exportations d’Eswatini à destination de ses partenaires commerciaux africains. De surcroit, la facture des importations se réduira, sous les effets combinés de la diminution des prix mondiaux des produits de base et de la baisse de la demande intérieure. Malgré la volonté du gouvernement de développer le secteur privé, encore embryonnaire, par des mécanismes de promotion des investissements – tels que la création d’un fond de secours pour les micros, petites et moyennes entreprises de 45 millions d’USD – la contribution de l’investissement privé à la croissance sera neutre, affectée par la hausse des taux d’intérêt. Enfin, la consommation des ménages, qui constitue la principale composante de la demande intérieure, restera contrainte par des taux de chômage (24,5% de la population) et de pauvreté (63% de la population) élevés, ainsi que par le prix des produits de base importés, le lilangeni s’étant déprécié de 4,7% en 2022. Après avoir culminé à 6,7% en septembre 2022, l’inflation devrait, quant à elle, se stabiliser autour de 5% en 2023, à la faveur de la modération de l’inflation importée de l’Afrique du Sud et du resserrement monétaire de la Banque centrale d’Eswatini (CBE) jusqu’en Mai 2023. La CBE à baissé son taux directeur de 25 pb à 7,50% en Juillet 2023, qui reste néanmoins en territoire restrictif.

 

Consolidation des soldes extérieurs et budgétaires permise par une bonne performance des transferts de l’UDAA et du sucre

Eu égard à la baisse des recettes provenant de l’UDAA (7,2% du PIB) et à l’augmentation des dépenses publiques en biens et en services liée à la nécessité de contenir les troubles sociaux dans le pays, le déficit public s’est dégradé au cours de l’exercice fiscal 22/23. En effet, malgré la mise en œuvre du Plan d’ajustement triennal (PAF) – qui prendra fin en 23/24 et vise à consolider les finances publiques et à stabiliser l’encours de la dette par la privatisation des entreprises publiques et la réduction des dépenses ministérielles et départementales – les ressources budgétaires insuffisantes et le manque de volonté politique entravent les initiatives d’assainissement budgétaire. Toutefois, si les dépenses (30,4% du PIB) resteront élevés en 23/24 dans un contexte de tensions sociales et de période électorale, le déficit budgétaire devrait presque disparaître, à la faveur de la hausse significative des transferts de l’UDAA (13,5% du PIB). Ces derniers doubleront en raison d’un ajustement de l’importante erreur de prévision pour la réserve commune de recettes de l'exercice 21/22 et de l’augmentation de celle projetée pour l'exercice 23/24. En outre, les recettes publiques (30,1% du PIB) seront soutenues par les redevances élevées du secteur du sucre, conformément à la hausse de la production. Le léger déficit public sera financé par l’émission de dette domestique, alors que l’appui budgétaire de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement restera limité. En effet, le manque de volonté politique d’Eswatini dans l’assainissement budgétaire dégrade ses relations avec les prêteurs multilatéraux, qui raréfient progressivement leurs prêts à destination du pays. Si sa dette publique en pourcentage du PIB a triplé au cours de la dernière décennie en raison des déficits budgétaires successifs, elle devrait se réduire en 23/24, à la faveur d’un excédent primaire exceptionnel.
En 2022, l’Eswatini a enregistré le premier déficit de sa balance courante depuis plus de 10 ans, principalement en raison de la dégradation de l’excédent de sa balance commerciale (1,2% du PIB), suite à l’augmentation du cout des importations de denrées alimentaires et de carburants. Les soldes extérieurs du pays devraient, toutefois, nettement s’améliorer en 2023. En effet, l’excédent de la balance commerciale (1,9% du PIB) augmentera, sous les effets combinés d’une hausse des exportations et d’une baisse de la facture des importations. De même, l’excédent des revenus de transferts (14,8% du PIB) bénéficiera de la hausse significative des recettes de l’UDAA. Enfin, si la reprise du tourisme impulsera une légère réduction du déficit de la balance des services (4,2% du PIB), les besoins d’importations pour soutenir les projets d’investissement financés par le gouvernement resteront importants. Seul le déficit des revenus primaires (6,8% du PIB) se creusera, sous l’effet de l’augmentation des transferts de bénéfices par les entreprises étrangères. Alors que les entrées d’IDE resteront faibles, le compte financier affichera d’importantes sorties au titre des investissements de portefeuille. Après avoir chuté de 21% en 2022 suite à la dégradation du lilangeni et à la hausse du prix des importations, les réserves de change de la Banque centrale d’Eswatini devraient se stabiliser autour de 2,2 mois d’importations en 2022.

 

Tensions sociales et colère généralisée contre la monarchie absolue à l’approche des élections législatives de septembre 2023

L’environnement politique d’Eswatini restera instable en 2023, alors que le règne de Mswati III, monarque absolu du pays depuis 1986, cristallise un fort mécontentement social. En effet, le manque d’infrastructures de base (routes, lignes de transport d’électricité...), les prix intérieurs élevés, la croissance lente des salaires, ou encore le manque d’opportunités économiques sont sources de mécontentement au sein de la population. Cette dernière dénonce le mode de vie ostentatoire du roi et de son entourage, à l’origine d’une mauvaise gestion des fonds publics. En outre, l’approche des élections législatives de septembre 2023, au cours desquelles 59 des 65 sièges de l’Assemblée seront renouvelés, augmente la frustration sociale, alors que la monarchie absolue interdit les partis politiques depuis 1973 et que le parlement n’a que très peu de contrôle sur le gouvernement : le Premier ministre et les ministres étant nommés par le roi sans consultation du corps législatif. Alors que le manque de libertés politiques et l’absence de réformes démocratiques attisent la colère généralisée contre la famille régnante, tout conflit latent pourrait déclencher une escalade spontanée des manifestations dans les mois à venir. En février 2023 par exemple, l’assassinat de Thulani Maseko – l’un des avocats des droits de l’Homme les plus célèbres d’Eswatini et président du Multi Stake Holder Forum, une coalition pro démocratie – avait déclenché une forte colère de la population, alors que les groupes de défense des droits de l’Homme avaient allégué l’implication de la monarchie dans l’assassinat.

 

Dernière mise à jour : Septembre 2023

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