Etudes économiques
Zambie

Zambie

Population 19,5 millions
PIB par habitant 1 095 $US
D
Evaluation des risques pays
C
Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p) 2024 (p)
Croissance PIB (%) -2,8 4,6 5,0 4,0 4,5
Inflation (moyenne annuelle, %) 15,7 22,0 11,0 11,0 11,5
Solde public / PIB (%) -13,8 -8,1 -7,8 -7,0 -6,0
Solde courant / PIB (%) 11,0 11,7 3,7 -2,0 0,0
Dette publique / PIB (%) 150,0 112,0 111,0 119,5 n/a

(e) : Estimation (p) : Prévision

POINTS FORTS

  • Production minière (cuivre, soufre, cobalt, nickel) et potentiel (uranium, or, diamant, manganèse)
  • Richesse agricole (maïs, tabac, canne à sucre)
  • Large part de l’hydraulique dans la production d’électricité (85%)
  • Essor du tourisme (20 parcs nationaux)
  • Transition démocratique en 2021

POINTS FAIBLES

  • Dépendance au cuivre, accentuée par celle vis-à-vis de la Chine, deuxième importatrice du minerai derrière la Suisse et ses négociants
  • Défaut souverain en 2020 et endettement extérieur insoutenable
  • Enclavement et dépendance aux voies de communication des voisins
  • Production d’électricité reposant quasi-exclusivement sur l’hydro-électricité, réseaux de transports défaillants
  • Fortes inégalités, corruption, carences sanitaires, éducatives et administratives, et pauvreté qui touche 61,5% de la population en 2023
  • Vulnérabilité au changement climatique

Appréciation du risque

Perspectives encourageantes pour le cuivre

En 2023, la croissance économique a été légèrement altérée par les faibles performances des secteurs agricole et minier, consécutives au climat défavorable, aux coupures de courant et à la moindre capacité de l’Etat à gérer les mines qu’il a nationalisées, asphyxiant la production et l’investissement. Les perspectives pour 2024 sont plus clémentes, puisque la production de cuivre devrait rebondir en deuxième partie de l’année. Elle sera soutenue par des prix élevés, liés à une demande mondiale robuste, motivée par la transition énergétique, ainsi que la privatisation de deux mines annoncée en 2023. L’indien Vedanta Resources a repris le contrôle de la plus grande mine de cuivre du pays, KCM, mettant fin à la querelle juridique avec le gouvernement ayant éclaté en 2019, au sujet de la propriété des actifs. La société a conjointement annoncé un plan quinquennal d’1 milliard d’USD, afin de combler le manque d’investissement, notamment dans le développement de l’exploitation souterraine. D’autre part, l’émiratie International Resources Holdings (IRH), sélectionnée en décembre 2023 pour s’associer à la compagnie nationale ZZCM-IH, détiendra 51% de la mine de cuivre de Mopani et y investira 1,1 milliard de dollars. Encouragés par l’amélioration du climat des affaires, d’autres investisseurs devraient miser sur le pays, comme la compagnie canadienne Barrick Gold, qui a annoncé en octobre 2023 l’injection de 2 milliards de dollars dans l’expansion de sa mine de cuivre de Lumwana. En effet, les avancées encourageantes quant à la signature d’un accord global de restructuration de la dette, conjuguées à la meilleure gouvernance et à l’accompagnement du FMI, rassurent. Les secteurs de la construction et des services profiteront également de l’engouement des investisseurs privés étrangers. Néanmoins, du côté de la demande, de larges freins à la croissance persisteront, comme la croissance économique morose de la Chine, deuxième importatrice des produits zambiens derrière la Suisse, et le plan d’assainissement budgétaire, qui freinera la consommation publique et privée. La demande des ménages restera paralysée par une inflation qui risque de légèrement s’intensifier, alimentée par la dépréciation du kwacha. En conséquence, la Banque de Zambie poursuivra son resserrement monétaire ; en novembre 2023, elle avait relevé son taux pour la quatrième fois consécutive de l’année pour atteindre 11%. Elle a également augmenté le ratio de dépôts détenus par les banques commerciales de 11,5% à 14,5%, afin d’atténuer la pression sur le marché des changes.

Vers un accord global de restructuration de la dette

Premier état africain ayant fait défaut lors de la pandémie de Covid-19, fin 2020, la Zambie cherche depuis lors à restructurer sa dette publique en devises non multilatérale de 13 milliards de dollars, soit environ 46% du PIB en 2023. Les négociations se sont accélérées, puisqu’à la mi-octobre le pays a signé un accord avec les créanciers bilatéraux (dont la Chine et les membres du Club de Paris), reflétant le protocole établi en juin 2023 sur la dette officielle s’élevant à 6,3 milliards de dollars. Cette avancée a permis d’ouvrir la voie aux négociations avec les détenteurs privés d’obligations, dont les créances se chiffrent à 3 milliards de dollars. Ces derniers ont signé un accord avec la Zambie, fin octobre, les désignant comme prioritaires dans le versement des paiements, tout en permettant un allégement des flux de trésorerie de 2,5 milliards de dollars. La décote nominale accordée de 18% inclut les 821 millions de dollars d’arriérés. Toutefois, les créanciers officiels, principalement la Chine, ont dénoncé un traitement plus favorable accordé aux créditeurs privés, entravant le principe de comparabilité de traitement défini par le Comité des Créanciers Officiels (OCC), et se sont donc opposés à ce dernier accord. Ainsi, en raison de ce revers majeur, aucun accord global n’a encore été trouvé, et le pays continue de réviser les propositions de restructuration des eurobonds. Il devra également trouver un accord avec les créditeurs commerciaux, y compris des banques d’Etat chinoises, dont la créance totale se chiffre aussi à 3 milliards de dollars. Toutefois, cet insuccès n’a pas empêché, le FMI d’approuver le versement immédiat d’une deuxième tranche de 187 millions de dollars, en décembre 2023, au titre de sa Facilité élargie de crédit (FEC), compte tenu des avancées dans les négociations et des efforts de la Zambie dans la restauration de la viabilité de ses finances publiques et de sa dette. Ceci s’inscrit dans le programme associé à la FEC conclu en août 2022, pour une durée de 38 mois et un montant total de 1,3 milliard de dollars. Ainsi en 2024, le gouvernement devrait poursuivre l’assainissement budgétaire, freiné en 2023 par la faiblesse des recettes minières. Afin d’élargir l’assiette fiscale, le pays prévoit l’amélioration de la collecte des recettes, via la mise en place d’un nouveau système électronique de facturation, et de timides réformes d’imposition comme l’introduction d’une taxe sur les transactions d’argent mobile et l’augmentation d’accises sur les boissons sucrées et le tabac. L’augmentation progressive des recettes minières soutiendra les efforts du gouvernement, et permettra au déficit public de légèrement se réduire. Le programme d’aide aux intrants agricoles, le Farmer Input Support Program (FISP), dont le coût a enflé en 2023 à cause du subventionnement des engrais importés, devrait voir son coût diminuer. A la fin de l’année, il devrait être progressivement remplacé, afin d’inclure de nouveaux services de soutien et viser une meilleure productivité. Toutefois, l’inflation pèsera sur les dépenses publiques, alors que des hausses sont prévues dans l’éducation, la santé et les infrastructures routières. Ainsi, bien que le pays souhaite mobiliser davantage de ressources domestiques, via l’imposition et les emprunts, il devra tout de même compter sur l’extérieur pour financer son déficit de manière concessionnelle

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En 2023, la chute des exportations de cuivre a réduit le surplus commercial et inversé la balance courante, qui s’est transformée en déficit. En 2024, la hausse des importations de marchandises, notamment des biens d’équipement, se poursuivra en raison des larges investissements privés. Toutefois, la reprise graduelle des exportations minières, conjuguée aux cours croissants du cuivre, qui représentait 65% des recettes d’exportation du pays en 2023, et 70% en 2022, permettra de supprimer le déficit courant. Le déficit des revenus primaires se maintiendra avec le rapatriement des dividendes par les compagnies minières étrangères et le paiement des intérêts sur la dette extérieure privée et la dette en monnaie locale encore détenue par des non-résidents. Les transferts de fonds assureront un très léger surplus de la balance des revenus secondaires. En 2023, les réserves de change couvraient seulement 3,4 mois d’importations, en partie drainées par le soutien au kwacha. Un accord sur la dette devrait enclencher leur renflouement, soutenu par le rétablissement des recettes minières.

 

Les politiques publiques embarrassées par le défaut souverain

Le président Hakainde Hichilema, arrivé au pouvoir en 2021, un an après le défaut souverain, poursuivra le plan de réforme, guidé par le FMI. Disposant d’une faible assiette fiscale, ses actions seront limitées et la mise en œuvre du programme d’assainissement budgétaire risque de crisper l’opinion publique, déjà en peine avec la cherté de la vie et la double épidémie de choléra et de fièvre charbonneuse. Le pays est marqué par la corruption et les inégalités, plus de 80% de la population rurale étant pauvre. A l’échelle internationale, le président poursuivra son rapprochement avec les pays occidentaux, tout en maintenant d’étroites relations avec la Chine. En septembre 2023, Hakainde Hichilema et Xi Jiping ont annoncé leur volonté de renforcer leur coopération commerciale en 2024. Les deux présidents se sont rencontrés dans le cadre des négociations sur la dette zambienne, alors que la Chine détient à elle seule plus de 4 milliards de créances bilatérales (soit environ 20% de la dette publique extérieure et les deux tiers de sa part bilatérale), sans compter la part de ses banques commerciales. Ainsi, la politique extérieure se concentrera sur la poursuite des négociations, en vue de conclure un accord global de restructuration de sa dette, pour soulager les finances et rassurer les investisseurs étrangers.

 

Dernière mise à jour : Janvier 2024

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