Etudes économiques
Venezuela

Venezuela

Population 27,6 millions
PIB par habitant 2 157 $US
E
Evaluation des risques pays
E
Environnement des affaires
Changer de pays
Comparer les pays
Vous avez déjà sélectionné ce pays.
0 pays sélectionnés
Vider
Ajouter un pays
Ajouter un pays
Ajouter un pays
Ajouter un pays
Comparer

Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 2023 (p) 2024 (p)
Croissance PIB (%) -30,0 1,0 8,0 2,0 3,5
Inflation (moyenne annuelle, %) 2355,1 1588,5 186,5 360,0 200,0
Solde public / PIB (%) -5,0 -4,6 -6,0 -4,5 -4,0
Solde courant / PIB (%) -3,5 -1,2 3,6 2,0

3,5

 

Dette publique / PIB (%) 327,7 248,4 159,5 N/A N/A

(e) : Estimation (p) : Prévision *Secteur public non-financier (PDVSA) inclus

POINTS FORTS

  • Plus grandes réserves de pétrole du monde et potentiel gazier offshore

POINTS FAIBLES

  • Le PIB reste bien en deçà du niveau de 2013
  • Économie fortement dépendante des hydrocarbures, des prêts de la Chine et de la Russie, et de la coopération énergétique avec l'Iran
  • La levée, en octobre 2023, de certaines sanctions américaines sur le secteur pétrolier sera réexaminée, en avril 2024, à la lumière des avancées démocratiques
  • En défaut sur sa dette souveraine et quasi-souveraine (PDVSA), des retards de paiement dans le commerce courant
  • Pénurie de devises étrangères et de produits de base
  • Gestion non transparente et discrétionnaire des revenus pétroliers qui pourraient être de nouveau obérés par les ristournes en cas de retour des sanctions
  • Inflation très élevée, pauvreté et inégalités
  • Criminalité (homicides), corruption, patronage, trafics en tous genres, marché noir

Appréciation du risque

Un assouplissement des sanctions favorable à la croissance, mais une situation économique toujours très critique

En 2023, bien que la production pétrolière se soit améliorée, suite à l’assouplissement des sanctions américaines et européennes, la persistance de l’inflation galopante et la forte dépréciation de la monnaie en début d’année ont fortement fragilisé la demande de consommation, pesant alors sur la croissance économique. En 2024, l’activité devrait se redresser légèrement, principalement tirée par une nouvelle hausse de la production pétrolière, soutenue par une demande mondiale qui restera élevée et la levée supplémentaire de sanctions, alors que les occidentaux cherchent toujours une alternative aux hydrocarbures russes et continuent de renouer prudemment avec le Venezuela. Les Etats-Unis ont notamment prolongé l’autorisation d’exploitation de la société pétrolière américaine Chevron, qui possède quatre co-entreprises avec le géant étatique du pétrole vénézuélien PDVSA, et généralisé et étendu cette autorisation, en octobre 2023, à toutes les entités opérant dans le secteur pétrolier au Venezuela. Par ailleurs, quatre sociétés américaines de services pétroliers (Schlumberger, Baker Hughes, Halliburton et Weatherford) ont également été autorisées par le Trésor américain, à opérer pour une année de plus à compter de novembre 2023. Cette hausse de la demande de pétrole et la levée supplémentaire de sanctions devraient permettre la remise en service et la construction de nouvelles plates-formes de forage, afin d’augmenter les capacités de production vénézuéliennes, alors que seulement deux étaient en service en 2023 contre un pic de 70 en 2013. Cependant, bien qu’une amélioration soit à attendre, la production pétrolière devrait rester très largement en dessous de son niveau d’avant 2013 (environ 3 millions de b/j contre un pic à 800 000 b/j en 2023) en raison d’un manque d’investissement, ainsi que d’un mauvais état des infrastructures énergétiques après des années d’inactivité. Le gouvernement tente d’y remédier en cherchant une assistance technique auprès de la Russie et de l’Iran, mais les progrès ne seront que très légers en raison des difficultés financières rencontrées par PDVSA et de son manque d’accès aux marchés des capitaux. Si l’augmentation de la production et le maintien des prix du pétrole à un niveau élevé doivent bénéficier à PDVSA, la société pourrait ne pas être en mesure de récolter tous les gains possibles en cas de retour des sanctions qui la contraindrait de nouveau à offrir des réductions de prix aux acheteurs. Du côté de la demande, les dépenses de consommation resteront faibles en 2024. Malgré l'atténuation attendue des pressions inflationnistes, grâce à une politique monétaire restrictive (caractérisée par un taux de réserves obligatoires très élevé) et la réduction du risque d'un retour à une hyperinflation grâce à la dollarisation partielle de l'économie, le pouvoir d'achat des ménages demeurera fortement affecté, étant donné la faible augmentation des salaires réels. L’économie vénézuélienne restera, dans l’ensemble, fortement fragilisée par sa forte dépendance aux hydrocarbures, ainsi que par sa mauvaise gestion macroéconomique et sa détestable gouvernance, décourageant l’investissement privé.

Une bonne tenue du compte courant mais un compte public toujours très dégradé

Le compte courant devrait rester excédentaire en 2023 et 2024 grâce à la hausse des recettes des exportations de pétrole, en raison de l’allègement des sanctions, ainsi que du dynamisme des envois de fonds des expatriés, dont le nombre s’est envolé jusqu’à atteindre 6 millions, soit 20% de la population. La reprise des exportations devrait suffire à compenser l’imposante facture des importations, en lien avec le besoin pressant d’importer des équipements et services pétroliers. Cependant, les investissements directs étrangers resteront très faibles (prévisions à 1,2% du PIB en 2024), contribuant, à côté de la ponction de l’Etat sur les recettes pétrolières, à maintenir la pression sur les réserves de change (stabilisation autour de 10 milliards de dollars, soit un quart du pic atteint avant la crise de 2013). Ces dernières sont aussi réduites par les interventions de la banque centrale, afin de limiter la dépréciation du bolivar, délaissé par les acteurs locaux pour le dollar.
Le solde budgétaire est resté déficitaire en 2023 et devrait légèrement se réduire en 2024. Largement dépendantes du pétrole, les recettes fiscales devraient continuer d'augmenter en raison du relâchement des sanctions à l'égard du pétrole vénézuélien . De plus, les revenus non pétroliers resteront faibles en raison de la forte informalité, empêchant le gouvernement d'élargir son assiette fiscale. Du côté des dépenses publiques, le gouvernement devrait soutenir l'économie et le pouvoir d'achat des ménages en augmentant les salaires et les retraites à l'approche de l'élection présidentielle de 2024. Le déficit continuera d'être en partie financé par la monétisation qui consiste à émettre des titres auprès des banques locales, ce qui augmente la masse monétaire en circulation, contribuant ainsi au maintien des pressions inflationnistes. Par ailleurs, le Venezuela a également recours aux prêts bilatéraux, le pays ayant pour coutume d’emprunter (auprès de la Chine, principalement), contre remboursement en pétrole, tout en ponctionnant une grande part des recettes pétrolières au détriment de la capacité de PDVSA à investir. En outre, le montant total des réclamations contre PDVSA et les autres entités publiques ont atteint 175 milliards de dollars, ce qui équivaut à plusieurs multiples de son PIB. La réduction de la dette publique est donc vaine, tant que les sanctions qui entravent la production pétrolière n’auront pas été définitivement levées.

 

Une amélioration des relations avec les pays occidentaux et l’opposition

Les bouleversements provoqués par la guerre en Ukraine, ainsi que l'élection de nouveaux présidents sud-américains de gauche, notamment au Brésil, au Chili et en Colombie, ont coïncidé avec une réouverture du dialogue entre le Venezuela et ses voisins, ainsi qu'avec les pays occidentaux, ce qui s'est matérialisé par un allègement des sanctions sur les hydrocarbures. Néanmoins, le climat politique vénézuélien reste particulièrement tendu à l'approche de l'élection présidentielle de 2024. Si le gouvernement de Nicolas Maduro, dont la réélection en 2019 a été jugée illégitime, et l'opposition sont parvenus à s'entendre pour la tenue d'une présidentielle, prévue pour le second semestre 2024, l'incertitude demeure élevée quant aux candidats qui seront autorisés à s'y présenter. En effet, les résultats de la primaire de l'opposition d’octobre 2023, remportée par la libérale Maria Corina Machado, ont été suspendus par la cour suprême à la demande de l’exécutif, menaçant la tenue d'une présidentielle libre et équitable. Machado s'était déjà vu interdire d'exercer des fonctions publiques pendant 15 ans. Si, dans ces conditions, un changement de gouvernement reste peu probable en 2024, la situation politique pourrait néanmoins s'améliorer un peu. En effet, la levée de sanctions américaines, datant d’octobre 2023, est conditionnée au respect de la feuille de route électorale convenue entre le président Maduro et l’opposition, comportant notamment le maintien de la présidentielle en 2024 et la participation de tous les candidats. Plusieurs secteurs sont concernés par ces allègements, tels que le secteur du pétrole et du gaz (jusqu’au 18 avril 2024), mais également le secteur aurifère (aucune limitation de durée), le Trésor américain cherchant à réduire les échanges d’or sur le marché noir. Par ailleurs, les Etats-Unis ont de nouveau permis les échanges de titres de la dette vénézuélienne sur le marché secondaire. De tels allègements, majeurs pour l’économie vénézuélienne, et la possibilité de les renouveler pourraient inciter le pouvoir à poursuivre sur la voie de la démocratisation.

 

Dernière mise à jour : Mars 2024

Haut de page