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12/07/2023
Publications économiques

La soutenabilité de la dette en Afrique de nouveau sous le feu des projecteurs

La soutenabilité de la dette en Afrique de nouveau sous le feu des projecteurs

Depuis la pandémie et, plus encore, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Afrique a été un point d’attention important. Les deux chocs rapprochés et leurs conséquences (obstacles aux mouvements de personnes et de produits, envolée des prix de l’énergie et de l’alimentation, resserrement monétaire) ont révélé les fragilités structurelles africaines, en les amplifiant ou en les matérialisant. À cet égard, le surendettement et l’insécurité alimentaire, avec leurs suites économiques, politiques et sociales, sont les grands marqueurs.

Pendant la première année de la pandémie, en 2020, l’économie africaine a vu sa croissance reculer en raison de la chute des cours des matières premières et des transferts des expatriés, ainsi que de l’effondrement du tourisme dans certains pays. Plus généralement, les obstacles, tenaces, à la mobilité externe et interne des personnes et des marchandises, avec notamment la désorganisation du transport, tant international que domestique, ont largement contribué à la récession.

Les effets de la guerre en Ukraine se sont ajoutés, recoupant parfois ceux de la pandémie, avec des conséquences redoublées. Les problèmes d’approvisionnement en céréales, huiles et engrais, conjugués au renchérissement des produits pétroliers, ont généré une détérioration de la situation financière des États, particulièrement dans le contexte de resserrement monétaire mondial et d’appréciation du dollar. Ces tensions sur les matières premières ont également entraîné un choc inflationniste, qui a largement contribué à l’augmentation de l’insécurité alimentaire et des désordres sociaux et politiques.

La dégradation s’est manifestée tant au niveau budgétaire qu’au niveau des comptes extérieurs. Des économies majeures du continent, jusque là dynamiques, ont été fragilisées à ces deux titres, mettant en évidence les faiblesses de leurs modèles de croissance. Leur dépendance aux importations (alimentation, énergie, produits intermédiaires et biens d’équipement), leur accoutumance aux financements abondants et bon marché, ainsi que leur faible niveau de recettes fiscales ne sont pas les moindres et contribuent amplement aux difficultés.

Les situations de surendettement ou de risque amplifié de surendettement se sont accrues sur le continent, qui abrite plus de la moitié des cas observés dans le monde. Malgré l’adoption d’un Cadre commun de traitement par le G20 en 2020, celui-ci est compliqué par l’extension de la palette de créanciers, notamment l’irruption de la Chine, des créanciers obligataires et des acteurs mondiaux du négoce depuis les années 2000. Afin de diminuer leur risque de change, certains États ont cherché à émettre plus de dette dans leur monnaie, mais cela a été compensé par un rendement plus élevé exigé par les investisseurs du fait du risque de change supporté.

Ces situations ont contraint les États à se tourner vers le FMI et les autres organismes multilatéraux afin, dans le meilleur des cas, d’obtenir des financements à conditions concessionnelles, et, parfois, solliciter une restructuration de leur dette. La contrepartie est l’adoption de politiques économiques plus dures avec un impact négatif sur la croissance qui s’ajoute à l’augmentation du coût de la vie et au rationnement des importations. Manifestations, parfois violentes, coups d’État, rébellions et criminalité ont pu accompagner ces déboires économiques.

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