Etudes économiques
Zimbabwe

Zimbabwe

Population 15,5 millions
PIB par habitant 2 122 $US
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Evaluation des risques pays
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Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 2023 (e) 2024 (p)
Croissance PIB (%) -5,2 7,2 3,0 3,0 3,0
Inflation (moyenne annuelle, %) 557,0 98,0 104,0 32,0* 30,0*
Solde public / PIB (%) 0,8 -1,7 -1,5 -2,5 -2,5
Solde courant / PIB (%) 2,9 1,5 1,0 0,5 1,0
Dette publique / PIB (%) 102,5 66,9 92,6 102,0 100,0

(e) : Estimation (p) : Prévision  *les chiffres reflètent un changement dans la méthode de calcul de la Reserve Bank of Zimbabwe qui tient compte de la dollarisation partielle de l’économie

POINTS FORTS

  • Abondantes ressources minières (platine, or, diamant, cuivre, nickel, terres rares)
  • Richesses agricoles (maïs, tabac, coton)
  • Potentiel de développement touristique

POINTS FAIBLES

  • Economie sinistrée par l’hyperinflation et la dépréciation de la monnaie locale, causées par la monétisation du déficit
  • Agriculture pluviale exposée aux aléas climatiques, au manque d’intrants et à une mauvaise planification, et souffrant d’une faible productivité
  • Situations alimentaire et sanitaire précaires, dépendance à l’aide humanitaire
  • Pénuries de liquidités et de devises aggravées par la corruption et la contrebande aux frontières
  • Dépendance aux cours volatils des matières premières dont une partie sort en contrebande
  • Sous-investissement en infrastructures (notamment énergétiques et de transport)

Appréciation du risque

Une croissance soutenue par le secteur minier

Après une année 2022 marquée par la sécheresse, les inondations et l’hyperinflation, la croissance économique du Zimbabwe devrait juste se maintenir en 2023 et 2024. L’activité sera soutenue par les exportations grâce aux cours élevés de l’or et du nickel, qui représentent, ensemble, 47% des recettes d’exportations du pays (qui correspondent elles-mêmes à 25% du PIB). L’exploitation de nouveaux filons de platine dans la mine de Karo, prévue d’ici 2024, ainsi que la construction pour 2025 d’une installation de recyclage des métaux de batteries, financée par des investissements chinois à hauteur de 2,8 milliards de dollars, viendront renforcer les exportations de minerais. De plus, la croissance pourrait bénéficier du dynamisme de la production de lithium, tirée par la demande extérieure. Fin 2022, le Zimbabwe a, en effet, décidé d’un contrôle des exportations de ce minerai sous sa forme brute dans le but d’amener les industriels étrangers à investir dans sa transformation en concentrés sur place. Cela vise à augmenter la rente minière qui ne représente actuellement qu’un peu plus de 4% du PIB. Par ailleurs, la reprise du secteur agricole (environ 9% du PIB et 62% des emplois) participera à la croissance en 2023 et 2024, après une contraction de 14% de la production observée en 2022 à la suite des mauvaises conditions météorologiques. Néanmoins, le prix encore élevé des engrais et les désordres climatiques attendus, liés au phénomène El Niño, risquent de peser sur les rendements des principales cultures du pays. Les perspectives de croissance sont également ternies par les coupures de courant dont la résorption avance très progressivement, malgré la mise en service, début 2023, de deux nouvelles tranches de 600 MW dans la centrale thermique de Hwange. En outre, les prévisions d’activité sont sujettes à l’évolution de la situation inflationniste. Après une période d’hyperinflation liée aux conséquences inflationnistes de la guerre en Ukraine et à la dépréciation accélérée de la monnaie, les pressions inflationnistes se relâchent très progressivement grâce au resserrement des politiques monétaire et budgétaire. L’émission de pièces d’or, couplée à la forte hausse de son taux d’intérêt directeur par la Banque Centrale du Zimbabwe, ont participé à la réduction de l’inflation sans toutefois l’endiguer. L'efficacité de la politique monétaire est en effet réduite par la forte dollarisation et la monétisation du déficit public, tandis que le manque de devises concourt à la dépréciation de la monnaie. L’inflation devrait ainsi continuer à peser sur la consommation des ménages, leur baisse de pouvoir d’achat n’étant pas compensée par des hausses de rémunérations.

 

Un accès difficile aux financements internationaux

La situation budgétaire du Zimbabwe s’est légèrement améliorée en 2022, la hausse des dépenses publiques visant à limiter les conséquences de l’inflation ayant été plus que compensée par l’augmentation des recettes, avec la collecte de certaines taxes en dollars américains. Néanmoins, le déficit devrait se creuser en 2023 et 2024, reflet de la hausse des dépenses sociales engagées dans le cadre des élections d’août 2023. Les rémunérations du secteur public (42% des dépenses de l’Etat) participeront également au creusement du déficit, le gouvernement ayant révisé à la hausse, à partir d’avril 2023, la rémunération des fonctionnaires, des parlementaires et des retraités. Le déficit public restera toutefois faible en raison de la difficulté à le financer autrement que par recours aux banques locales et à l’Afreximbank.
Par ailleurs, l’excédent du compte courant continuera à être soutenu par les envois de fonds des expatriés en Afrique du sud et au Royaume-Uni, ainsi que par les transferts au profit des organismes d’aide agissant localement. Néanmoins, les importations de services liés, notamment, à l’activité minière, ainsi que les rapatriements des dividendes liés à cette dernière, continueront à peser. Le déficit commercial restera modéré, mais progressera, la croissance des importations étant supérieure à celle des exportations. La position extérieure du Zimbabwe restera toutefois fragile en raison des entrées limitées et des sorties clandestines de capitaux. Ainsi, les IDE, déjà faibles, principalement dans le secteur minier, continueront de diminuer en 2023 et 2024. De plus, les réserves de change resteront très faibles (0,9 mois de couverture d’importations en 2022), alors que le pays a déjà utilisé 60% des droits de tirage spéciaux supplémentaires alloués par le FMI en août 2021. La dette publique continuera d’augmenter, aucun accord n’ayant été trouvé avec les créanciers, même multilatéraux, sur une potentielle restructuration. Le gouvernement espère une reprise des négociations avec les créanciers occidentaux, une fois la contestation des résultats des élections présidentielles apaisée.

 

Des élections controversées

Le président Emmerson Mnangagwa est arrivé au pouvoir à la suite de la « transition assistée par l’armée » de novembre 2017 qui a forcé Robert Mugabe à la démission après plus de 30 ans au pouvoir. Il a été réélu pour un second mandat lors des élections controversées des 23 et 24 août 2023 avec 52,6% des suffrages, contre 44% pour son principal opposant, Nelson Chamisa. Ce dernier, à la tête de la Coalition des Citoyens pour le Changement (CCC), a dénoncé des fraudes qui auraient été organisées par le Zanu-PF, le parti au pouvoir, et réclamé la tenue d’un nouveau scrutin. Les observateurs de l’Union Européenne, de l’Union d’Afrique Australe et des pays du Commonwealth ont mis en doute la transparence du vote, qui s’est par ailleurs déroulé dans le calme. La campagne électorale a néanmoins été marquée par la répression de l’opposition, avec notamment l’interdiction de certains des meetings. La contestation des résultats mise à part, le parti présidentiel dispose de la majorité des voix au Parlement avec 136 sièges sur 210. Cependant, les troubles post électoraux risquent de perturber la stratégie de réengagement international du pays, ainsi que les négociations autour de la restructuration de sa dette, dans un contexte où près de la moitié de la population est considérée comme pauvre.

 

Dernière mise à jour : Novembre 2023

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