

Nigeria
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | -1,8 | 3,6 | 3,2 | 2,8 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 13,2 | 17,0 | 19,0 | 16,0 |
Solde public / PIB (%) | -5,6 | -6,0 | -5,5 | -4,5 |
Solde courant / PIB (%) | -4,0 | -0,4 | 1,0 | 1,3 |
Dette publique / PIB (%)* | 34,5 | 36,6 | 37,5 | 39,0 |
(e) : Estimation (p) : Prévision *y compris dette des Etats, des collectivités locales, des entreprises publiques, emprunts auprès de la banque centrale et arriérés
POINTS FORTS
- Première puissance africaine en termes de PIB et pays le plus peuplé d’Afrique
- Importantes ressources en hydrocarbures (onzième rang mondial pour les réserves prouvées, neuvième pour le gaz, sans compter les non prouvées)
- Large potentiel agricole (5ème producteur mondial de cacao) et minier (or, baryte, étain, zinc)
- Rapide développement de la technologie financière et de l’industrie cinématographique
- Endettement public et extérieur relativement faible
POINTS FAIBLES
- Chômage (40%), sous-emploi et pauvreté (45%) élevés
- Forte dépendance aux revenus pétroliers (80 % des exportations, 50% des recettes fiscales, en temps normal)
- Faible recettes fiscales (7% du PIB)
- Faible diversification de l’économie, insuffisance de la production agricole à cause du manque d’infrastructures et de l’insécurité
- Insuffisance des capacités de raffinage de pétrole (80% des produits raffinés importés, mais en baisse avec la mise en route de la raffinerie Dangote) et de transport de gaz
- Insuffisance des capacités de production et de distribution d’électricité
- Place réduite de l’activité manufacturière (10% du PIB), malgré projet Made in Nigeria (MINE) visant à la porter à 20%
- Clandestinité de l’extraction aurifère
- Déficiences des infrastructures de transport : ports, routes, voie ferrées
- Tensions ethniques et religieuses (nord musulman, sud chrétien)
- Insécurité, corruption contraignant l’environnement des affaires
- Pollution liée à l’exploitation pétrolière
Appréciation du risque
Croissance soutenue par le pétrole
En 2022, l’activité économique accélérera, soutenue par un prix moyen du pétrole supérieur à celui de l’an passé, ainsi que par une remontée de sa production. L’ensemble des composantes de l’économie sera au rendez-vous. Les investissements (31% du PIB en 2020), essentiellement d’origine domestique, seront largement dirigés vers les services, comme l’ingénierie financière et la production audiovisuelle. L’industrie et l’agriculture seront moins servies, malgré les subventions et les garanties publiques destinées à favoriser ces secteurs pour diversifier l’économie. En novembre 2021, la Banque centrale (CBN) a lancé une nouvelle initiative, 100 for 100 Policy on Production and Productivity, visant à financer 100 entreprises sélectionnées tous les 100 jours. Il s’agissait de sa 35ème initiative de financement sectoriel. L’activisme de la CBN n’empêche pas les banques commerciales de développer leur activité de crédit, poussées par un taux de réserves obligatoires de 27,5 % et l’obligation de maintenir un ratio de prêts sur dépôts supérieur à 65 %. En revanche, les investissements étrangers seront encore découragés par les restrictions de change et à l’importation, ainsi que l’insécurité et les coupures de courant. La promulgation tant attendue (16 août 2021 ) de la loi sur l’énergie, le Petroleum Industry Act, avec la transformation de la NNPC, la compagnie pétrolière nationale, en société par actions, l’adoption d’une fiscalité adaptée aux conditions d’exploitation , les 30% des profits de NNPC à consacrer à la recherche de nouveaux gisements, et les 3% des dépenses opérationnelles à consacrer aux communautés locales, ne fera guère de différence. Les exportations (10% du PIB), constituées à 80 % de pétrole, profiteront de l’essor des ventes de ce dernier. Comme dans le même temps, les importations (17% du PIB) continueront à être bridées, la contribution des échanges extérieurs à la croissance sera positive. La consommation des ménages (65% du PIB) profitera des retombées pétrolières, mais aussi des bonnes performances dans l’agriculture et les services qui font l’essentiel du PIB. Cependant, les ménages resteront confrontés à un chômage et une inflation toujours très élevée. L’inflation est nourrie par les restrictions à l’importation, que la production domestique, qu’elles sont censées encourager, est incapable de compenser complètement.
Endettement domestique, réserves de change moins sollicitées
Le budget 2022 (9 % du PIB) prévoit un improbable déficit de 3,4%. Ce chiffre est basé sur un prix du baril de USD 57 , une production pétrolière de 1,88 million b/j (1,6 en 2021) , une inflation de 13 %, une croissance de 4,2 %, et un change officiel de 410 naira pour un dollar (379 pour 1 en 2021) ; les deux dernières hypothèses sont optimistes. Même modéré, l’endettement générera des intérêts qui absorberont 40 % des maigres ressources, tandis que sécurité et défense représenteront 20 % des dépenses hors intérêts. Il est improbable que la suppression des coûteuses subventions sur les carburants, comme, d’ailleurs, toute réforme budgétaire, intervienne avant les élections de 2023. Le financement sera encore essentiellement couvert par le marché domestique très liquide et peu onéreux du fait de taux d’intérêt négatif sur la dette en naira. La Banque centrale pourrait participer. Son encours en titres publics s’élevait en octobre 2021 à N 35.5 trillions (USD 38 milliards). Il existe un projet de transformer ces engagements en titres à 30 ans placés auprès des banques commerciales, mais cela risquerait d’assécher le crédit privé.
Le déficit courant continuera de se réduire avec le retour à un excédent commercial, sous l’effet de recettes pétrolières supérieures. De plus, le démarrage de la raffinerie Dangote, en juillet 2022, permettra de réduire les achats de produits pétroliers raffinés (10% des importations). Enfin, la compression des importations continuera. A l’inverse, les déficits des balances des services et des revenus d’investissements augmenteraient avec le renchérissement du fret pétrolier et des bénéfices accrus des entreprises étrangères. Les transferts des expatriés continueront d’apporter une contribution positive. En l’absence d’accord avec le FMI, notamment à propos des subventions et du régime de change, et avec des investisseurs étrangers refroidis par la difficulté de rapatrier les revenus et la faible rémunération des titres domestiques, le financement reposera sur l’émission de titres sur les marchés internationaux. La dette extérieure n’en restera pas moins modeste (15 % du PIB). Les réserves de change représentaient, fin octobre 2021, l’équivalent de 9 mois d’importations, après l’émission d’obligations pour USD 4 milliards (8,25 % à 30 ans). Le moindre déficit courant devrait réduire la pression sur le naira, permettant à la BCN de réduire ses interventions visant à limiter l’écart (37 % en octobre 2021) entre le change quasi officiel (NAFEX) et le marché parallèle.
Défis sécuritaires
Le président Buhari, réélu en 2019, fait face à la myriade de défis sécuritaires, comme l’activité de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) et de Boko Haram au nord-est du pays, le brigandage plus à l’ouest, le conflit meurtrier entre éleveurs et agriculteurs au centre, le séparatisme au sud-ouest et sud-est, sur fond de contestation de la répartition de la manne pétrolière. La prévalence de la pauvreté (45 % en 2020), la corruption, le chômage de masse et une inflation à deux-chiffres alimentent un climat social tendu. Les élections générales se tiendront en février 2023. Si la rotation Nord-Sud du pouvoir est respectée, la présidence devrait échoir à une personnalité du Sud, vraisemblablement issue du PDP, compte tenu du désenchantement pour président sortant et son parti APC.
Dernière mise à jour : Février 2022