Bosnie et Herzégovine

Europe

PIB / Habitant ($)
7 810,0 $
Population (en 2021)
3,5 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
B
Précédemment
C
Précédemment
B

suggestions

Résumé

Points forts

  • Importants transferts des travailleurs expatriés
  • Ancrage de la monnaie à l’euro
  • Tourisme (12 % des emplois et 10,5 % du PIB en 2019) et potentiel hydroélectrique (34,5% de l’électricité produite)
  • Partie à divers accords commerciaux, notamment l’ALECE, marché commun régional de 6 pays des Balkans
  • Compétitivité salariale
  • Candidature à l’UE

Points faibles

  • Fragmentation institutionnelle, réglementaire, économique et communautaire, velléités sécessionnistes
  • Manque d’investissements privés et publics : insignifiance de la recherche & développement, manque d’infrastructures de transport et énergétiques
  • Faible diversification des exportations
  • Corruption, Etat de droit défectueux
  • Large secteur informel (estimé à 1/3 du PIB), faible participation de la population active (50 %), chômage élevé
  • Forte émigration, manque de main-d’œuvre qualifiée
  • Dépendance à l’aide financière extérieure européenne

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
66%
Serbie
12%
Monténégro
4%
Hongrie
2%
Turquie
2%

Import des biens en % du total

Europe 49 %
49%
Serbie 10 %
10%
Chine 9 %
9%
Turquie 6 %
6%
Pologne 3 %
3%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

La croissance restera modérée

En 2025, la Bosnie-Herzégovine devrait enregistrer une croissance modérée, inférieure à celle des autres pays des Balkans occidentaux. La consommation privée, représentant 65 % du PIB, restera son moteur essentiel. Elle sera soutenue par la forte hausse des salaires nominaux (+13,9 % en janvier 2025) favorisée par la pénurie de main d’œuvre, ainsi que l’augmentation concomitante de 61,5 % du salaire minimum brut dans la Fédération de Bosnie-Herzégovine (63 % de la population) destinée à décourager l’informalité. Malgré la hausse des prix alimentaires au début de 2025, l’inflation restera globalement maitrisée, participant au renforcement du pouvoir d’achat des ménages. Le tourisme, après une année déjà record en 2024, aura des retombées positives sur la population. Cependant, un environnement économique européen contrasté, avec une politique commerciale américaine pesant sur l’activité en Allemagne et en Autriche, mais une certaine robustesse en Serbie et Croatie pourrait toucher les envois de fonds des expatriés, qui représentent 10 % du PIB.

Le pays restera confronté à un taux de chômage très élevé (27,3 % en janvier 2025), alimenté par sa dépendance à des secteurs saturés comme la métallurgie et l’agriculture. L’émigration massive de travailleurs qualifiés aggrave également la pénurie de main-d’œuvre compétente.

Déficits maitrisés malgré la pression de la dépense publique et des importations

Le déficit budgétaire de Bosnie-Herzégovine pourrait légèrement diminuer en 2025. Pourtant, il sera empreint par une augmentation des dépenses dans les deux entités (Fédération et RS) aux budgets indépendants. Cette augmentation concerne les infrastructures, ainsi que des reformes sociales et salariales visant à maintenir une croissance modérée. Avec une banque centrale liée à la BCE via son régime de caisse d’émission et l’ancrage à l’euro, la politique budgétaire est le principal levier pour influencer les conditions économiques. Mais, les autorités escomptent un meilleur rendement fiscal et prévoient d’initier des mesures d’assainissement budgétaire, comme la suppression progressive des subventions énergétiques et la réintroduction des cotisations santé.. De son côté, la dette publique restera relativement faible et maitrisée (20 % du PIB). Malgré des financements européens pour les infrastructures, la capacité d’endettement reste relativement limitée, avec un marché financier domestique peu-développé.

Le déficit de la balance courante persistera, principalement en raison d’une balance commerciale structurellement fortement déficitaire. La forte dépendance aux importations de biens industriels et alimentaires en est la cause, alors que les principales exportations du pays, comme les combustibles, les machines et équipements électriques, ainsi que les produits métalliques, ne compensent que partiellement ce déséquilibre. Par ailleurs, le commerce des services restera excédentaire, soutenu par un secteur touristique dynamique (niveau record en 2024) et une industrie informatique en pleine essor. L’impact direct des potentiels droits de douane américains sur les exportations bosniennes restera a priori limité (moins de 2 % des exportations totales vers les États-Unis, soit 0,1% du PIB), mais l’effet indirect possible via un ralentissement de la demande européenne pourrait affecter les exportations vers des partenaires clés comme l’Allemagne et l’Italie.

Au croisement entre intégration européenne et désintégration nationale

À la suite des accords de Dayton, en 1995, la Bosnie-Herzégovine a été divisée en deux entités autonomes : la Fédération de Bosnie-Herzégovine (FBiH), à majorité bosniaque et croate, et la Republika Srpska (RS), à majorité serbe, ainsi que le district de Br?ko géré par l’État central. Les pouvoirs sont concentrés dans les deux entités autonomes. Seules la politique étrangère, la défense et les négociations d’adhésion à l’UE relèvent de l’Etat central. Les élections nationales d’octobre 2022 ont consacré la victoire des partis nationalistes serbes, croates et bosniaques au niveaux central et des entités. Le Conseil des ministres, agissant en tant que gouvernement central, a été élu fin janvier 2023 avec le soutien de 23 parlementaires de la Chambre des représentants sur 42, représentant huit partis. Il est dominé par deux partis, à savoir les nationalistes serbes (SNSD) et les nationalistes croates (HDZ BiH). Une présidence tricéphale tournante représentant les trois groupes ethniques et fonctionnant sur la base du consensus, représente le pays. À l’heure actuelle, seuls les candidats appartenant à l’un des trois groupes ethniques peuvent se présenter aux élections. Ce cadre institutionnel complexe est fragilisé par le blocage actuel des institutions centrales par le SNSD et les actions séparatistes de Milorad Dodik, son chef et président de la RS. En février 2025, Dodik a été condamné à un an de prison et interdit de mandat politique pour six ans pour avoir défié les décisions du Haut représentant international, incluant l’annulation de textes adoptés par la RS en contradiction avec les principes européens. Le développement des infrastructures, telles le corridor autoroutier 5c et des gazoducs avec la Croatie et la Serbie, comme l’Ionian Adriatic Pipeline (IAP) destiné à réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie, est ralenti par les désaccords internes. Malgré ces tensions, les négociations d’adhésion à l’Union européenne ont officiellement débuté en mars 2025 après des efforts pour répondre aux exigences européennes (lutte contre le blanchiment d’argent, gestion des migrations). Les prochaines élections générales sont prévues pour octobre 2026, mais d’ici là, la paralysie politique risque de persister.

Sur la scène internationale, le pays est au centre d’enjeux géopolitiques majeurs. L’UE soutient son intégration, tout en conditionnant son aide financière à des réformes structurelles, tandis que les liens étroits entre Milorad Dodik et la Russie compliquent ces efforts. La Russie soutient tacitement les ambitions séparatistes de la Republika Srpska (RS), tout en critiquant le rôle du Haut représentant international qui supervise l’application civile des accords de Dayton. Parallèlement, l’UE a renforcé, en mars 2025, sa présence militaire via EUFOR (garantie de la mise en œuvre des accords de Dayton) pour maintenir la stabilité face aux tensions croissantes. En 2025, alors que le pays célèbre les 30 ans des accords de Dayton, il se trouve à un carrefour : avancer vers l’intégration européenne ou risquer la désintégration .

Dernière mise à jour : avril 2025

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